Le docteur Marie Fournier est gynécologue et chirurgienne, spécialisée dans l'endométriose. Elle exerce depuis quatre ans à l'hôpital privé d'Eure-et-Loir à Mainvilliers, après avoir été chef de clinique durant quatre ans à Paris.
Si elle a choisi de se spécialiser dans cette maladie, c'est d'abord par intérêt pour cette pathologie : « J'en ai vu beaucoup pendant ma formation, cela m'intéressait. Quand je suis arrivée ici, je voulais développer cette activité-là mais je ne savais pas comment l'aborder sur un terreau où c'était inexistant. Et je me suis rendu compte qu'il y avait très peu de prise en charge de cette pathologie sur le département. Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose pour toutes ces patientes », indique la gynécologue.
Qu'est-ce que l'endométriose ?
« II s'agit de tissu qui ressemble à de l'endomètre, la muqueuse qui est normalement à l'intérieur de l'utérus, qui est implanté, accroché, à d'autres endroits dans le ventre, là où il n'a rien à faire. C'est comme un tissu étranger et comme il n'est pas au bon endroit, ça saigne, ça crée de l'inflammation, la rigidité du tissu et de la douleur », explique schématiquement la gynécologue. Le reflux de sang de l'utérus peut en être la cause mais pas seulement : « II y a d'autres facteurs, génétiques, environnementaux et d'autres mécanismes plus complexes », précise Marie Fournier. Il y a finalement autant d'endométrioses qu'il y a de femmes : « C'est à la fois la difficulté et la richesse de cette pathologie, cela demande beaucoup d'écoute et de s'adapter à chaque personne ».
Des symptômes variés
Des douleurs, le plus souvent pendant les règles, qui résistent à des traitements médicamenteux standards et qui peuvent avoir un retentissement sur la vie sociale et professionnelle sont l'un des principaux symptômes. « II y a aussi des douleurs pendant les rapports sexuels, des troubles du transit associés au moment des règles, des symptômes urinaires, des saignements entre les règles et des douleurs un peu partout aussi », énumère la médecin. « La sévérité des symptômes n'est pas toujours associée à la sévérité de l'atteinte », concède-t-elle également.
Une maladie dont on ne guérit pas
« II n'existe pas de traitement qui permette de guérir de l'endométriose, il faut être très transparent làdessus », admet Marie Fournier. Le seul traitement possible est donc l'association de plusieurs choses. « En première intention, on va proposer aux patientes qui ne souhaitent pas avoir d'enfant de les mettre sous contraceptif puisque c'est une maladie hormonodépendante. Il faut trouver une thérapeutique hormonale qui va permettre de calmer les symptômes. On a des patientes traitées ainsi qui vont très bien », indique la spécialiste. D'autres thérapeutiques peuvent permettre de soulager les douleurs : l'ostéopathie, la kinésithérapie, une activité physique adaptée, l'acuponcture, la sophrologie, adapter son régime alimentaire...
« La chirurgie, ce n'estpas magique »
En revanche, la chirurgie n'est pas systématique : « La chirurgie, c'est bien mais ce n'est pas magique non plus. Il y a des patientes qui récidivent ensuite. Il faut toujours peser le pour et le contre et être très vigilants pour ne pas inclure plus de complications et de douleurs. Il y a quand même souvent de la chirurgie à un moment donné dans le parcours », estime la professionnelle.
Le docteur Marie Fournier reconnaît qu'il y a déjà un temps imparti dans la gestion de la maladie qui prend environ deux ans : « II faut aussi accepter que l'on ne peut pas guérir ».
L'enjeu numéro 1 est aujourd'hui, selon elle, de réduire le délai d'errance médicale : « II ne faut pas abandonner. Même si les IRM sont normales, lorsqu'il y a des symptômes très évocateurs, c'est souvent qu'il y a quelque chose. Ce n'est pas normal d'avoir mal. Il ne faut pas baisser les bras et surtout ne pas penser que l'on est seule », conclut Marie Fournier.
CONFÉRENCE. L'antenne de la région Centre de l'association EndoFrance organise une conférence intitulée Endométriose, du diagnostic à la prise en charge, mercredi 1er mars, à 20 heures à l'auditorium de la médiathèque d'Orléans. Le docteur Marie Fournier interviendra, tout comme un radiologue et une sagefemme. Gratuit et ouvert à tous.
Le courrier du Loiret, publié du 01/03/23 au 07/03/23